Pour vendre au “bon” prix et être rentable sur son exploitation, encore faut-il connaître ses coûts.
Et quand je dis “connaître”, je veux dire “maîtriser précisément”, pas seulement avoir une vague estimation en tête 😉. Connaître votre coût de revient permet de définir le prix dont vous avez besoin pour couvrir vos charges et réaliser un bénéfice en vendant votre récolte.
C’est votre point d’équilibre pour assurer la rentabilité de votre ferme.
Ça a l’air évident, pourtant près de la moitié des producteurs ne connaissent pas leur coût de revient.
Comment calculer son coût de revient ?
Prenons l’exemple de Romain, qui gère une exploitation de 210 hectares dans l'Yonne, comprenant 100 hectares de maïs.
Pour calculer son coût de revient pour une tonne de maïs, Romain doit évaluer :
-
ses charges fixes (foncier, matériel…)
-
ses charges variables (c’est-à-dire qui dépendent du nombre d’hectares) : coût des semences, engrais, carburant, etc.
-
le salaire qu’il souhaite percevoir
-
les aides compensatoires qu’il touche dans le cadre de la PAC, divisées par le nombre d’hectares
-
son rendement par hectare (en prenant sa moyenne sur 5 ans)
Après avoir utilisé sa calculatrice (et appelé son comptable 👨💻), Romain obtient un coût de 1545 € / ha pour produire son maïs, soit 154 500 € au total. Avec une production estimée de 1100 tonnes, son coût de revient s’élève donc à 140 € / tonne.
Connaître ce chiffre rassure Romain. Peu importe ce qui se passe, il sait que s’il vend son maïs à 140 € / tonne (ou plus 😏), il sera rentable.
Pour calculer votre propre coût de revient, vous pouvez utiliser cette équation :
Si on reprend l’exemple l’exemple de Romain, cela donne : 154 500 € ÷ 1 100 t = 140 € / t.
Comment utiliser son coût de revient ?
Une fois qu’il a calculé son prix de revient, Romain veut savoir quel bénéfice il génère par rapport au prix proposé par son OS (pour rappel, bénéfice = revenu - coûts).
Romain appelle son négoce pour connaître le prix de vente du jour : 155 € / t pour ses 1100 tonnes de maïs. S’il décide de vendre aujourd’hui, il gagnera donc 15 € la tonne (= 155 € / t - 140 € / t), ce qui fait un bénéfice par hectare de 165 €/ha (15€/t x 11 t/ha), soit un bénéfice total de 16 500 €.
Si vous avez bien suivi, ce bénéfice arrive donc en plus de ses charges, de son salaire, etc.
La puissance du coût de revient
Connaître son coût de revient donne un super-pouvoir à Romain : celui de savoir à quel prix il doit vendre sa récolte pour réaliser un bénéfice.
Et ce n’est pas rien si on considère le stress créé par les fluctuations des cours des céréales.
Et ce n’est pas tout ! Cela lui permet également de :
-
Baisser ses coûts de production
En connaissant mieux ses coûts, Romain peut choisir de passer sa commande d’engrais dès qu’une opportunité se présente.
-
Optimiser son assolement
À la fin de la campagne, Romain peut faire le bilan sur les cultures et pratiques qui ont généré le meilleur bénéfice, et ainsi choisir ce qu’il va semer l’année prochaine.
-
Avoir des relations sereines et plus constructives avec son banquier
C’est bien connu, les banquiers aiment parler à des chefs d’entreprise avec un vrai plan de développement pour leur exploitation. Depuis qu’il calcule ses coûts, Romain négocie bien plus aisément une facilité de trésorerie ou le financement de son projet de stockage. Maîtriser ses chiffres, ça inspire confiance 🤓 !
Cultiver votre rendement ne suffit plus : il faut désormais cultiver votre marge.
Vous allez nous dire que calculer ses coûts prend du temps et vous avez raison. Mais cela représente un investissement inestimable pour votre exploitation.
Et une fois votre coût de revient calculé, vous n’aurez plus qu’à décider si vous déclenchez la vente dès que les cours l’atteignent, ou si vous tentez de viser plus haut …
Laisser un commentaire