Ancien technicien de coop, Aurélien Vanche a choisi d'être agriculteur indépendant. Il ne regrette rien de cette transition, éprouvante mais stimulante.
Dans le bureau d'Aurélien Vanche trônent 25 spécimens du nec plus ultra du matériel agricole... en miniature. Les plus beaux tracteurs et moissonneuses batteuses tiennent ici en quelques grammes de plomb, alignés sur les étagères lustrées d'une petite armoire. Ce bureau aux allures de musée agricole, Aurélien y passe une partie de ses journées depuis qu'il gère seul son exploitation à Lectoure dans le Gers. En sept ans d'activité, ce trentenaire est passé d'une double vie d'agriculteur-technicien de coop à celle de céréalier indépendant à plein temps, bientôt converti au bio. Le prix de cette liberté, c'est la confrontation à la rudesse des marchés.
« Je ne regrette pas, je suis même soulagé d'être indépendant. Mais c'est vrai que j'ai pris quelques claques économiques, et que par ailleurs le blé dur est une bête noire à commercialiser... »
Pour optimiser la gestion de son exploitation, Aurélien dévore le web. Passionné d'actu, il lit tout, de la presse généraliste aux moindres analyses du marché céréalier des pays de la Mer Noire. Il sait que la concurrence la plus féroce vient notamment de là : « Je suis allé en Roumanie et en Ukraine, j'ai bien vu : le potentiel là-bas est énorme...». Pour se prémunir au mieux, il reste ultra-connecté, à l'affût.
« Ce n'est pas ma philosophie de livrer mon blé et attendre le coup de fil du technicien pour vendre. Maintenant que je suis 100% indépendant, j'assume d'être plus opportuniste. »
Entre deux savantes lectures Aurélien fouille le web, guidé par sa passion pour le machinisme. Il vient d’emprunter la herse étrille d’un voisin, et prépare son premier passage : avant de chausser ses bottes il regarde un dernier tuto sur Youtube. Le Gersois navigue en permanence entre ses champs et ses écrans, arpente les sites consacrés à l'agriculture de précision, expérimente certaines techniques innovantes sur ses parcelles : « j'aime bien regarder ce qui se passe dans d’autres pays, par exemple sur la centralisation des datas agricoles comme les écarts de rendements et les analyses de sol. »
A l'horizon pour Aurélien ces prochaines années, moins de blé dur et plus de pois chiches : l'agriculteur veut se diversifier et amorce sa conversion au bio. Il est convaincu que l'avenir appartiendra aux téméraires :
« On travaille sur du vivant et dans le vivant il y a une part d'inconnu. Il faut qu'on soit aventureux et qu'on ose expérimenter, sans avoir peur d'être pris pour des fous. »
Sur une mini-table en plastique près de son bureau traîne un gribouillage d'enfant, qui ressemble furieusement à un tracteur. On soupçonne Aurélien de laisser prospérer ses passions agricoles au point de les rendre héréditaires. « J'y suis pour rien, il l'a fait tout seul ! »
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