Après plus de trente ans d’expérience en agriculture conventionnelle, Michel Bourrousse a choisi de convertir son exploitation au bio. Il y voit un avenir pour la conservation des sols.
Il aurait pu savourer une retraite paisible entre pêche à la mouche, randonnée en Espagne et pruneaux à l’Armagnac dans son Gers natal. Mais il est trop accro aux défis agronomiques pour assister en spectateur aux mutations qui se jouent actuellement dans le secteur agricole. À 66 ans le voilà donc co-fondateur de Perfarmer et jeune converti au bio !
Michel Bourrousse a d’abord été conseiller agricole, et il gère depuis 1985 une exploitation de 60 hectares à Saint-Puy (Gers). C’est un technicien avéré, le prince des tableaux Excel : l’outil de calcul qu’il a développé pendant quinze ans pour gérer ses cultures a fait ses preuves, il est d’ailleurs une des pierres angulaires de Perfarmer.
Il s’est longtemps agacé des “vendeurs de tendances” sur un marché volatile. Depuis quelques années, il s’inquiète des raccourcis sur l’impact des phytosanitaires, “des menaces qui pèsent sur les types quand ils sortent dans les champs avec leur pulvé”. Mais il fait un constat raisonné :
“Le conventionnel est à la peine, et il y a une demande pour une agriculture différente : il faut y répondre”.
En 2012 il est sollicité pour accompagner des agriculteurs dans des simulations de conversion au bio. “J’ai longtemps pris le bio pour une secte, je restais donc sceptique. Mais les résultats économiques étaient concluants : ça m’a interpellé.” En 2015 il amorce sa propre transition mais du bout des bottes : prudent, il n’engage qu’un quart de sa surface. Avec un objectif : des couverts végétaux efficaces et sans surcoût lié à leur destruction.
“Je n’implantais pas de couverts en conventionnel pour des raisons économiques, mais l’azote qu’ils permettent de stocker nous est nécessaire en agriculture biologique.”
Au fil des mois il constate l’effet bénéfique des couverts sur la fertilité et l’amélioration de la structure des sols, sur la quasi-suppression de leur érosion :
“C'est simple : je n’ai jamais eu un lit de semences aussi bon”.
Son oeil d’agronome inspecte cette nouvelle donne avec intérêt. Les rendements sont au rendez-vous, l’azote aussi, Michel suit : 2019 sera l’année de sa conversion intégrale à l’agriculture bio.
Il accueille cette petite révolution comme on embrasse un nouveau défi. “Le bio est techniquement plus difficile, je fais des erreurs, je m’améliore, le défi est passionnant. Je continue de penser qu’il n’y a pas de modèle parfait actuellement. Mais ce que je vois aujourd’hui, c’est que même ma fille mange bio. Je crois à la conservation des sols, et c’est cette agriculture-là qui doit être valorisée.”
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