Commercialisation

Faut-il suivre l'actualité des marchés agricoles ?

Par Edgar Chaput le 8 janvier 2019
Edgar Chaput

Président & Co-fondateur de Perfarmer

Chaque matin c’est le même rituel.

L’agriculteur impliqué dans sa commercialisation consulte quotidiennement l’évolution des cours des matières agricoles et tente de décrypter les analyses de marché. Il faut dire que l’impact du risque prix sur les résultats d’une exploitation est loin d’être négligeable.

Pour autant, il n’est pas facile de faire le tri entre toutes ses informations pour prendre les bonnes décisions. Alors, faut-il ou non suivre l’actualité des marchés agricoles ?


Oui : Pour comprendre les dynamiques de marché


Même si nous ne pouvons pas maîtriser les cours des marchés, il est toujours préférable de comprendre un minimum ce qu’il se passe plutôt que de le subir. Analyser les principaux facteurs qui influencent les cours des matières premières agricoles à la hausse ou à la baisse permet de déchiffrer les dynamiques de marché.

De plus, avoir des explications sur l’évolution des cours rassure et favorise la tranquillité d’esprit. Les marchés ne sont plus un “dieu” capricieux qui fait la pluie et le beau temps, mais le résultat de facteurs logiques et rationnels.


Non : L’information partagée est de mauvaise qualité


L’information concernant les marchés reste trop souvent concentrée dans les mains d’une poignée d’acteurs dont les intérêts divergents souvent de ceux des agriculteurs.

Si les agriculteurs sont aujourd’hui inondés d’informations, les analyses pâtissent d’un certain manque d’objectivité. Par exemple, des conclusions différentes sont régulièrement tirées entre le rapport de l’USDA et celles des organisateurs des crop tours.

De plus, les rumeurs sont nombreuses et savamment orchestrées. Dans ce contexte, difficile pour les agriculteurs d’avoir accès à une information fiable et compréhensible...


Non : Les facteurs sont trop nombreux et complexes à analyser


Une multitude de facteurs influencent les marchés, parmi lesquels :  

  • L’offre et la demande : Ainsi, la loi de King explique que 2 % de surproduction céréalière entraînent 20 % de baisse des prix.

  • La météo et le fameux “Weather Market” : quels impacts auront les fortes pluies attendues dans la Corn Belt, la sécheresse en Russie ou le retour du phénomène El-Niño dans le Pacifique ?

  • La croissance mondiale : Par exemple, une hausse est synonyme d’augmentation de la consommation de viande, et donc de la demande de céréales.

  • Le coût du fret maritime (mesuré notamment par l’indice BDI, Baltic Dry Index) se répercute sur les prix.

  • L’évolution des cours du pétrole, dépendant des niveaux de production fixés par les pays de l’OPEP, a également un impact.

  • Les monnaies influencent les prix. Par exemple, lorsque la parité euro/dollar est basse, il est plus intéressant d’exporter. Mais pas seulement ! Le cours de l’huile de palme peut rebondir face à l’affaiblissement du ringgit (rouppie malaysienne) contre le dollar.

  • Les fonds de pension peuvent peser sur le CBOT (Chicago Board of Trade, premier marché mondial des denrées agricoles) et fortement accélérer les marchés.

Des centaines de facteurs entre en jeu, sans même parler de géopolitique et de l’impact potentiel d’un nouveau tweet de Donald Trump 👺. Alors, comment analyser toutes ces informations et estimer l’impact sur la commercialisation de votre récolte ? C’est impossible ! La seule information qui compte, c’est l’évolution réelle du cours.


Non : Prévoir l’évolution des cours est impossible


Pour prévoir les tendances futures, les traders utilisent des méthodes telles que l'analyse technique (qui repose sur l’étude de graphiques) ou l'analyse fondamentale (basée sur l'étude des données économiques mondiales). Pourtant, malgré ces méthodes complexes, les traders continuent de réaliser des erreurs. Ce sont d’ailleurs les premiers à affirmer qu’il est impossible de prévoir l’évolution des cours !

Vous vous souvenez des experts qui vous conseillaient d’attendre la fin de l’été 2018 pour pour vendre votre blé à 230 €/t ? Ce prix n’a finalement jamais été atteint. D’ailleurs, si ces experts pouvaient prédire l’évolution des cours, ils garderaient certainement l’information pour eux et seraient aujourd’hui extrêmement riches :)



En résumé, il n’y a pas de solution miracle. Vous pouvez évidemment vous informer pour mieux appréhender les marchés, mais vous ne pourrez certainement pas les contrôler. Face à la volatilité des cours, nous étudierons dans le prochain article les différents outils à votre disposition pour sécuriser le résultat de votre ferme.

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