« Bonjour ! Je vous attendais. Je vous fais des cafés ?» En ce matin glacial de janvier, David Mascaras est le plus réveillé de tout le village de Miradoux, et son bureau à l'étage est la seule source de lumière de la rue encore plongée dans la nuit. Sa silhouette longiligne s'active depuis un moment : il a déjà fait sa revue de presse de l'actualité agricole et il est prêt à partir sur son exploitation. « Je n'habite pas sur ma ferme, il y a trente ans cela paraissait improbable ...», s'amuse l'agriculteur.
Il se souvient de sa meilleure vente, arrachée in extremis un matin, dix minutes avant un effondrement du cours du blé. Ce jour-là il a compris que la courbe de ses revenus ne tenait pas à grand-chose : « les tweets de Trump ou une sécheresse australienne, tout peut se répercuter sur notre bout de champ ». Depuis, il a érigé la rentabilité – donc la rémunération – en priorité. Et assume.
Chaque matin David fait le tour de la météo des marchés, compile les infos, compare les communiqués. Parce qu'il trouve que « les marges des intermédiaires ont tendance à gonfler sur le dos des moins bien informés ». Pour ne pas céder au repli ou au pessimisme, il parle et pense collectif, se dit « fier de travailler en 100% CUMA », s'investit volontiers dans cette communauté d’agriculteurs dont il a été le président pendant 5 ans.« Le salaire reste un gros mot pour certains, mais il faut qu'on puisse se tirer un bon revenu. Mon métier me passionne mais je veux aussi profiter de la vie avec mes enfants. »
Il sait que la profession devra composer, ces prochaines années, avec un marché capricieux et une demande sociétale nouvelle : celle d'une agriculture plus durable. Il s'inquiète face à cette équation difficile et aimerait voir émerger une communauté agricole à grande échelle, plus soudée face à la concurrence internationale.
« Ce qui me rendra toujours fier, c'est d'être capable d'expliquer à mes enfants les enjeux de ce qu'ils ont dans leur assiette. »